Résidence | Makiko Furuichi


Makiko Furuichi

Avec Makiko Furuichi, « Prenez l’Art » aux Ponts-de-Cé !

Depuis le mois de mai et jusqu’à fin septembre, la Ville des Ponts-de-Cé accueille l’artiste japonaise Makiko Furuichi.

Initiée par le Département de Maine-et-Loire dans le cadre de « Prenez l’Art », dispositif de soutien à la diffusion de l’art contemporain, cette résidence a offert la possibilité à la jeune artiste de créer des œuvres, inspirées du paysage des Ponts-de-Cé, de préparer une exposition à Rive d’Arts « L’odeur du soleil » du 23 juillet au 18 septembre, mais également de tisser de nombreuses rencontres avec les habitant.e.s.

Sur une proposition personnelle, et rapidement partagée avec la direction culture, Rive d’Arts,  les élus et le CCAS, la jeune artiste a réalisé une œuvre au format  inédit, pour elle et pour la ville : le camion de portage de repas à domicile du CCAS a en effet été recouvert de ses créations réalisées à l’aquarelle. Une belle opportunité à la fois d’expérimenter un nouveau support, mais également pour valoriser ce service financé par la ville et confié au CCAS. La mobilité du support permettant de faire bénéficier au plus grand nombre cette oeuvre d’art inédite de l’artiste.  Concrètement, Makiko a peint des motifs paysagés inspirés du territoire des Ponts-de-Cé, qu’elle a fait reproduire sur des autocollants, qui ont été apposés sur toute la surface du camion. Des peintures réalisées par des enfants à l’occasion d’ateliers artistiques avec l’artiste ont été glissées parmi celles de Makiko.

En effet, l’artiste a également parcouru la ville à la rencontre des habitant.e.s : CME et CMJ, écoles primaires, collège F. Villon, Centre culturel V. Malandrin, CCAS, Résidence autonomie. Aux nombreux groupes qu’elle a rencontré, grâce à l’implication des services municipaux, elle a proposé de rentrer dans son univers par des ateliers de pratique artistique, des créations partagées, autour de thèmes qui lui sont chers : motifs végétaux, figures grotesques, espiègles, réalisés pour la plupart à l’aquarelle.

Exposition « L’odeur du soleil » 

Makiko Furuichi peint des scènes de vie sur différents formats, à l’aquarelle ou à la peinture à l’huile. Ses sujets sont choisis sur le vif. Attentive à ce que le hasard peut lui offrir, elle peint ce qu’elle trouve émouvant, savoureux, ce qui la fait sourire. L’artiste dit de son travail qu’il est une représentation du «niyari», «large sourire» en japonais.

Exposition visible du 23 juillet au 18 septembre à Rive d’Arts.

Entrée libre du mardi au dimanche de 14h à 19h.
Rive d’Arts – 13 rue Boutreux.

 

Portrait de l’artiste

  • Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Makiko Furuichi. Je fais de l’art, je n’aime pas trop le mot artiste car ce mot n’est pas trop défini pour moi. Disons que je ne fais pas de l’art pour être artiste. L’art pour moi est le moment où je vis vraiment. Je suis moi-même quand je créé et je me sens plus honnête avec moi et avec les autres. Si c’est cela la définition d’une artiste alors je suis une artiste. J’habite à Nantes depuis 2009 et je suis japonaise.

  • Quelles sont les origines de votre engagement dans l’art ?

Mon grand-père était peintre, je ne l’ai jamais rencontré car il est décédé il y a longtemps. Ces tableaux étaient accrochés dans le salon de mes parents. Etre peintre semblait normal pour moi car c’est un métier qui était très proche de notre famille. Les peintures de mon grand-père faisaient partie de ma vie et de mon environnement. Il peignait beaucoup de portrait, des théâtres japonais, des paysages et des chemins. Il n’était pas reconnu mais son maître était très connu au Japon (Ryusei KISHIDA). C’est une partie de mon histoire. Je voyage souvent avec le pinceau de mon grand-père, c’est un moyen pour moi d’être relié à lui.

  • Quel est votre médium de prédilection et pourquoi ?

Je peins beaucoup à l’aquarelle.

J’aime le fait que l’aquarelle soit mélangée à l’eau, une matière très organique, en lien avec l’humain. Sur le papier l’eau bouge, je bouge, il s’agit d’une collaboration avec la nature, une danse avec elle. Elle est aussi très pratique car on peut l’emmener et en faire partout.

J’utilise également le crayon et le stylo pour travailler les lignes et les traits.

  • Pourriez-vous présenter la façon dont vous avez abordé le projet dans le cadre de cette invitation aux Ponts-de-Cé ?

J’aimais l’idée de la rencontre avec les habitants. Qu’est-ce que ces échanges pouvaient apporter à ma création ? Qu’est-ce que je pouvais leur apporter ?

C’était la première fois que je participais à un projet collaboratif où j’ai été associée aux réunions de préparation, où j’ai pu avoir la parole et donner mon sentiment sur le projet. J’étais partie prenante. Cela m’a effrayée au début, je me suis questionnée sur ce que je pouvais apporter, puis en étant présente sur le territoire dans le cadre de ma résidence, j’ai pris conscience de ce que je pouvais transmettre.

J’ai le sentiment d’avoir ouvert une nouvelle porte pour les habitants.

  • Comment avez-vous travaillé pour cette résidence ?

J’ai travaillé sur des dessins à l’aquarelle qui ont ensuite été imprimés sur adhésif pour être collés sur le camion de portage de repas à domicile de la commune. J’ai représenté la nature vue dans les Ponts-de-Cé.

J’aime l’idée que le camion se déplace, tous les habitants pourront voir ma création dans toute la ville, tous les quartiers. C’est comme un papillon qui se balade, le regarder nous fait du bien.

J’ai fait des ateliers avec des enfants. Dans quelques-uns, je leur ai demandé de dessiner des motifs floraux qui sont présents sur le camion. Juste quelques-uns au milieu de ma création, comme un rappel des moments passés ensemble.

  • Qu’est-ce qui vous a inspiré sur ce territoire ?

J’aime beaucoup les ponts de la commune, voir la Loire séparée, comme s’il y avait plusieurs Loire.

J’ai beaucoup regardé les végétaux dans le quartier de la Chesnaie, les plantes et les fleurs, leurs couleurs particulièrement vives m’ont beaucoup inspirée.

  • Quelles sont vos inspirations en art, plus largement ?

Je suis inspirée par l’odeur notamment des gens qui m’ont influencée et leurs histoires. Ma première perception sensorielle passe par l’odeur puis par les échanges.

Ma culture japonaise est aussi une grande inspiration et notamment les Yokaïs. Les yokais sont très liés à tout ce qu’il se passe dans le monde, ils représentent la société et ils sont souvent pointés comme responsables de ce qui nous arrivent. Il représente la haine que les humains ont. Le terme “Yokai” est traduit par “monstre” ou “démonen français, mais c’est plutôt un type de créatures surnaturelles dans le folklore japonais. Ce sont des spectres imaginés par les humains pour représenter certains aspects culturels. Esprits malfaisants ou simplement malicieux incarnés par des animaux et des objets, ils démontrent les tracas quotidiens ou inhabituels, les vices et peurs de l’Homme, l’étrange, mais aussi les côtés joyeux de la vie.
Explorer les yokais s’apparente à une étude anthropologique des humains et des sociétés qui les ont créées permettant ainsi d’approfondir notre compréhension de l’Homme.

Pour tout cela, j’aime les représenter dans mes œuvres.

  • Vous présentez une œuvre antérieure « Rêverie détrempée » dans cette exposition, pouvez-vous nous en parler ?

Je l’ai réalisé pendant l’accrochage de mon exposition personnelle à la chapelle de Geneteil au Carré de Château-Gontier.

Le rideau était mis à plat par terre, j’ai peint directement avec de la peinture pour soie. D’abord j’ai mouillé le tissu entièrement et je l’ai trempé dans différents seaux avec beaucoup d’encre, puis j’ai travaillé sur les détails. Cela m’a pris une semaine.

Le rideau est un objet qui cache/sépare l’espace, c’est aussi un objet théâtral. Mon rideau est très léger, il bouge avec vent et le mouvement des visiteurs. L’installation de cet immense tissu crée un espace personnel, comme si j’invitais les gens dans « ma chambre » (ou dans mon cerveau plutôt). Dans le dégradé des couleurs du noir au plus clair, on imagine la course du temps, la pluie, les nuages, le soleil…

J’ai choisi ce titre, « Rêverie détrempée », car il évoque pour moi, une sieste d’été. Cela me rappelle mon enfance au Japon, quand je me réveillais d’une sieste estivale avec les cheveux mouillés de sueur. En été il fait très chaud et humide au Japon. « Détrempée » fait également penser à ce qui coule, ce qui dégouline, ce qui imbibe comme les pleurs, la pluie, la bave ou la mer…

Détremper c’est modifier la consistance de quelque chose, n’est-ce pas ce que l’art fait ?

 

Questionnaire de Proust artistique :

Mon premier souvenir de l’art :

Une peinture de radis de mon grand-père dans le salon de chez mes parents.

Le moment où j’ai su ce que serait ma vocation :

Quand j’ai fait la cloche pour l’Abbaye de Fontevraud. Parce que c’était au-delà de moi, il y avait l’histoire, les artisans, le lieu. L’art soudain me dépassait.

Ma plus grande influence : 
Hokusai. Il a fait un first manga master qui présente beaucoup de postures différentes, d’animaux notamment. J’ai reproduis ses dessins de nombreuses fois et j’y ai trouvé l’inspiration des yokaïs.

(Hokusai, First Manga Master / Jocelyn Bouquillard, éditions Abrams, 2015.)

L’occupation que j’aurais choisie:

Conteuse car j’aime raconter des histoires.

Mon loisir préféré :

La natation

Mon artiste préféré(e) :

Toriyama Sekien. Il a dessiné de nombreux yokais. C’est un artiste du XVIIIeme siècle, spécialiste des contes et légendes traditionnels du Japon. Il est célèbre pour son travail de recensement des yokais. Il faisait partie de l’école Kano.

Mon auteur(e) et musicien(ne)/compositeur(rice) préféré(e) : 

Haruki Murakami .C’est un écrivain japonais contemporain. Auteur de romans à succès, mais aussi de nouvelles et d’essais, Murakami a reçu une douzaine de prix et autres distinctions. Il est un des auteurs japonais contemporains les plus lus au monde.

Kobo Abe. C’est un romancier, dramaturge et scénariste japonais du XXème siècle.

Hiroshi Yoshimura. C’est un artiste japonais du XXème siècle, compositeur et musicien.

Le temps ou la saison que je préfère :

J’aime toutes les saisons

Ma meilleure qualité : 

Joyeuse

Mon pire défaut :

Hyperactive

Ma définition du bonheur :
Le partage

Votre état présent :

Joyeuse ! HiHiHouHou !

L’art pour moi, c’est (en cinq mots ou moins) :

Vous, moi, vie.

 



Mis à jour le 05.10.2023 à 05h10